Les victimes de fraude font souvent l’objet de reproches et de critiques, bien que la fraude soit le crime le plus répandu au Canada. Beaucoup pensent que les victimes sont à blâmer parce qu’elles n’ont pas pris les précautions nécessaires. Au lieu d’obtenir du soutien, les victimes se retrouvent souvent aux prises avec des sentiments de honte et de doute ainsi que des dettes supplémentaires. Il en résulte ce que l’on appelle la honte liée à la fraude.
Il est important de se rappeler que le fait d’être victime d’une fraude ne signifie pas que la personne est fautive ou crédule. Les fraudeurs sont très doués pour piéger les gens, leurs tactiques évoluent constamment et ils ciblent toute personne, qu’elle soit prudente ou non. Il est impératif de remettre en question ces idées préconçues et d’offrir un environnement favorable aux victimes de fraude pour qu’elles puissent se manifester et demander justice sans craindre d’être jugées.
Selon le Centre antifraude du Canada (CAFC), les Canadiens sont actuellement la cible de plus de 50 types d’arnaques. En voici quelques-unes :
En 2024, 34 621 personnes ont été victimes d'une fraude, occasionnant des pertes de 600 millions de dollars, selon le CAFC.
Près de la moitié des Canadiens (43 %) admettent avoir été sciemment victimes d’une fraude ou d’une arnaque à un moment ou à un autre de leur vie, selon un sondage réalisé pour le compte de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Canada.
Ce même sondage révèle que si 91 % des victimes de fraude en ont parlé à quelqu’un, seulement 27 % en ont parlé à un membre de leur famille. Il en va de même pour les amis, dont seulement 22 % ont déclaré en avoir discuté avec eux.
Bien qu’il s’agisse du crime le plus courant au Canada, la fraude n’est pas signalée dans la plupart des cas. Le CFAC estime que seuls 5 % des délits de fraude sont effectivement signalés aux forces de l’ordre, ce qui est probablement dû à la honte que ressentent les gens lorsqu’ils se rendent compte qu’ils ont été arnaqués.
Les gens associent souvent la honte à la fraude, croyant à tort que les victimes auraient pu l’éviter si elles avaient été plus intelligentes ou plus prudentes. Il existe cette croyance selon laquelle le fait de se laisser piéger par une arnaque signifie que l’on n’est pas intelligent, ce qui est tout simplement faux, mais malheureusement très répandu.
Il est important de comprendre que les tactiques de fraude sont devenues très sophistiquées à l’ère numérique. Les arnaqueurs utilisent des techniques évoluées qui peuvent facilement tromper même les personnes les plus prudentes.
Les fraudeurs sont très doués pour inciter les gens à révéler des renseignements personnels ou à envoyer de l’argent en employant des tactiques psychologiques.
Le Bureau de la concurrence du Canada cite certaines de ces tactiques, en soulignant que les fraudeurs laissent entendre qu’une personne devrait :
Être victime d’une fraude n’a rien à voir avec l’intelligence. En fait, il s’agit de criminels qui exploitent des vulnérabilités des gens et utilisent des tactiques sophistiquées pour les manipuler.
La fraude ne provoque pas seulement une détresse émotionnelle; elle place également les victimes face à d’importantes conséquences financières. Les arnaqueurs vident souvent les comptes bancaires, dépassent la limite des cartes de crédit, ou volent des renseignements personnels pour contracter des prêts non autorisés. Les victimes sont confrontées à la perte immédiate de leurs fonds et, dans certains cas, doivent entamer des procédures complexes pour récupérer leur argent, si tant est que cela soit possible.
La fraude financière peut également nuire à la cote de crédit de la victime. Les activités frauduleuses, telles que les dettes impayées liées à l’usurpation d’identité, peuvent apparaître dans les rapports de crédit, ce qui rend plus difficile pour les victimes d’obtenir des prêts personnels, des prêts hypothécaires ou même des contrats de location. Rétablir un dossier de crédit peut prendre des mois, quand ce ne sont pas des années, et nécessite souvent de la persévérance pour contester les transactions frauduleuses auprès des institutions financières et des agences d’évaluation du crédit.
Nous devons admettre que la fraude peut toucher n’importe qui, indépendamment de l’âge, de l’éducation ou du milieu. Il est essentiel de changer de mentalité et de passer de la culpabilisation des victimes à l’offre de soutien et de compréhension.
Nous devons reconnaître que les fraudeurs sont habiles en matière de tromperie et qu’ils exploitent souvent la confiance et la familiarité pour perpétrer leurs arnaques. Blâmer les victimes parce qu’elles croient en la bonté des autres ou qu’elles se laissent prendre à des stratagèmes bien ficelés n’est pas la bonne façon d’envisager la fraude.
Personne ne se réveille un matin et décide volontairement d’envoyer de l’argent à une quelqu’un qui semble être un fraudeur. Dans le cas d’une arnaque amoureuse, il s’agit souvent d’un lent processus de manipulation où l’on joue sur les émotions de la victime pour lui donner un faux sentiment de sécurité.
Nous devrions avoir du mépris pour les arnaqueurs et de la compassion pour les victimes.
La sensibilisation aux réalités de la fraude et la réfutation des idées préconçues sont essentielles pour éliminer la stigmatisation. En discutant ouvertement de la prévalence et des mécanismes de la fraude, nous pouvons favoriser l’empathie et la compréhension.
Il est essentiel de ne pas rejeter la responsabilité sur les victimes, mais sur les criminels qui commettent ce type de délit.
Il existe des conseils simples qui peuvent éviter à n’importe qui d’être victime d’une fraude.
Nous en connaissons tous certains, comme le fait d’avoir des mots de passe différents pour chaque compte, de ne pas communiquer le NIP de ses cartes de débit ou de crédit ou de ne pas divulguer publiquement ses renseignements personnels sur Internet.
Il faut également éviter de répondre à des textos ou à des appels téléphoniques provenant d’un numéro inconnu.
Le moyen le plus important d’éviter d’être victime d’une fraude financière est sans doute de ne jamais envoyer d’argent à quelqu’un que vous n’avez pas rencontré en personne. C’est particulièrement vrai pour les arnaques amoureuses en ligne, qui peuvent durer des mois avant que l’on vous demande d’envoyer de l’argent à quelqu’un. Les arnaques de ce type peuvent coûter des milliers de dollars aux victimes et être particulièrement dévastatrices sur le plan émotionnel.
Si quelque chose vous semble bizarre ou trop beau pour être vrai, fiez-vous à votre instinct. Les fraudeurs utilisent souvent la pression ou des promesses de gains irréalistes comme tactiques pour manipuler les gens. Prenez le temps de rechercher et de vérifier l’information avant de prendre toute décision financière.
Si vous êtes victime d’une arnaque ou d’une fraude, vous pouvez le signaler en communiquant avec le Centre antifraude du Canada au 1 888 495-8501 ou www.centreantifraude.ca pour déposer une plainte. Vous pouvez également signaler le crime à votre service de police local.
Il est également possible de signaler une pratique commerciale trompeuse ou mensongère au Bureau de la concurrence en utilisant son formulaire de plainte.
Si vous avez envoyé de l’argent à une institution financière, signalez-lui que le compte auquel vous l’avez envoyé est utilisé à des fins frauduleuses.
Si vous avez été victime d’une arnaque en essayant de vendre ou d’acheter quelque chose sur des sites tels que Facebook, eBay ou Kijiji, signalez l’incident au site Web.
De même, si vous avez été victime d’une arnaque sur un site ou une application de rencontre, signalez l’incident directement au service en question.
Si vous avez envoyé de l’argent, vous devriez également communiquer avec les deux agences nationales d’évaluation du crédit du Canada, soit Equifax Canada et TransUnion Canada, pour obtenir immédiatement un rapport de solvabilité gratuit et demander qu’une alerte à la fraude soit ajoutée à votre dossier.
Voici quelques renseignements sur la façon de procéder avec Equifax Canada et TransUnion.