Si vous avez des enfants, vous voulez leur donner toutes les chances de réussir dans la vie.
La banque de maman et papa est quelque chose sur laquelle tout le monde a compté à un moment ou à un autre. Qu’il s’agisse d’un prêt étudiant, d’une facture de téléphone ou même une mise de fonds, les parents sont souvent prêts à aider leurs enfants. Mais que se passe-t-il si cela a un coût qu’ils ne peuvent pas se permettre?
Nous nous sommes récemment entretenus avec André Bolduc, syndic autorisé en insolvabilité de BDO, de notre bureau d’Ottawa, au sujet des conséquences d’une trop grande sollicitation de la banque de maman et papa.
André nous a raconté l’histoire d’une femme qui a accumulé un montant important de dettes tout en essayant d’aider un de ses fils adultes à faire face à ses propres dépenses.
Cynthia, un pseudonyme, vit à Ottawa, est veuve et sexagénaire. Elle travaille à temps partiel et reçoit une rente de survivant. Elle possède une maison modeste avec une hypothèque et trois enfants, qui sont tous adultes et ont quitté la maison familiale.
L’un de ses enfants avait acheté une voiture pour sa propre famille, mais il avait du mal à payer les mensualités. Il a donc demandé une aide financière à sa mère, qui la lui a accordée.
Cynthia a utilisé des cartes de crédit pour aider son fils à payer la voiture, mais ce faisant, elle s’est endettée lourdement.
Mais comme beaucoup de gens, il lui a fallu du temps pour admettre qu'il y avait un problème.
Elle avait peur aussi que son fils la prive de ses petits-enfants si elle cessait de lui donner de l’argent.
« Il est beaucoup plus difficile pour les gens de dire non à la famille, car il y a beaucoup plus que de l’argent en jeu », explique André.
Les factures continuent de s’accumuler. Et elle a commencé à recevoir des appels de la part des compagnies de cartes de crédit pour des retards de paiements et des comptes en souffrance.
Après avoir entendu parler de BDO à la radio, Cynthia était curieuse. Elle a décidé de voir ce qu’elle pouvait faire pour reprendre le contrôle de ses dettes.
Lorsqu’André a rencontré Cynthia pour la première fois, elle avait accumulé plus de 50 000 $ de dettes en essayant d’aider son fils. Elle savait qu’il existait des solutions pour l’aider à réduire son fardeau financier, mais elle ne les connaissait pas.
Elle voulait vraiment éviter de se déclarer en faillite. « Pour elle, la faillite n’était pas une option. Elle voulait rembourser autant de dettes que possible », explique André.
André lui a présenté une autre option, la proposition de consommateur. Une proposition de consommateur, c’est lorsqu’un syndic autorisé en insolvabilité, comme André, négocie en votre nom avec vos créanciers pour réduire le pourcentage de la dette que vous devez rembourser. Cela peut permettre une réduction immédiate de l’endettement et aider les gens à reprendre le contrôle de leurs finances.
Dans le cas de Cynthia, elle est passée de plus de 800 $ par mois en paiements de carte de crédit à un paiement mensuel de 250 $. Autrement dit, elle a pu réduire son endettement de 70 %.
La première rencontre de Cynthia avec André a été plus longue qu'une première consultation habituelle. «J'ai examiné sa situation et j'ai dû trouver un moyen de lui dire qu'elle ne pouvait pas se permettre de donner plus d'argent à ses enfants. C'était difficile à entendre pour elle, car les parents ne veulent pas laisser tomber leurs enfants. », explique-t-il.
Elle a pu avoir cette conversation difficile avec son fils. Et le soutien de son SAI l'a aidée à choisir les bons mots et à sentir qu'elle faisait ce qu'il fallait pour eux deux.
Il est difficile de parler de finances en famille. Toutefois, que peuvent faire les parents qui ont du mal à apporter un soutien financier trop important à leurs enfants? Voici quelques mesures pratiques que vous pouvez prendre.
Il est essentiel de fixer des limites et des lignes directrices claires en matière de soutien financier lorsque l'on aide ses enfants sur ce plan. Communiquer clairement les critères relatifs à l'octroi d'un soutien financier, y compris la fréquence, le montant et l'objectif de l'aide, ainsi que toute condition ou attente liée à ce soutien.
Il est important de préciser que votre soutien a une limite. Vous devez être en mesure de définir une règle stricte quant au montant de votre contribution avant d'apporter une aide financière. Si cette limite est atteinte, vous devez vous y tenir. Il est essentiel d'avoir un dialogue ouvert et honnête lorsqu'il s'agit d'établir ces limites.
Il est essentiel de favoriser une culture de la transparence et de l'honnêteté lorsqu'il s'agit d'aider vos enfants sur le plan financier. Votre enfant et vous-même devez être en mesure d'exprimer vos besoins, vos préoccupations et vos attentes en ce qui concerne l'aide financière.
Si vous ne communiquez pas, vous ne saurez pas exactement combien d'argent est nécessaire et quelles sont les limites de votre aide. Le fait de ne pas connaître parfaitement ces éléments peut engendrer de la frustration, du ressentiment et de graves tensions dans la relation parent-enfant.
Certains enfants peuvent avoir honte ou être gênés de parler de leurs difficultés financières avec leurs parents, craignant d'être jugés ou de les décevoir. Ce silence peut exacerber les problèmes financiers, car les difficultés ne sont pas résolues. Une communication ouverte est indispensable pour favoriser la compréhension mutuelle, la confiance et la collaboration, ce qui vous permettra, à votre enfant et à vous-même, de relever les défis financiers d'une manière constructive.
« Une réunion générale annuelle au cours de laquelle vous discutez avec vos enfants du budget pour des choses comme les vacances, les cadeaux d’anniversaire et de Noël est une façon d’enseigner des notions financières simples à vos enfants », explique André. Si vous organisez ces réunions régulièrement, vos enfants prendront l’habitude de penser à l’argent par eux-mêmes.
Laisser vos enfants avoir leur mot à dire sur les choix de dépenses qui les concernent est un autre moyen de les faire réfléchir à l’argent. C’est ainsi qu’on prévient des problèmes futurs.
« Vous pouvez les impliquer dans la prise de décision. Demandez-leur s’ils préfèrent de grandes vacances d’été coûteuses ou des activités plus petites et moins coûteuses. Cela leur permet d’être impliqués et les aide à comprendre la valeur de l’argent. Vous les amenez à réfléchir à ce que vous pouvez vous permettre et à ce que vous ne pouvez pas. »
Les enfants doivent se rappeler que demander de l’argent à leurs parents est un recours qui ne doit être utilisé que très rarement. Si le parent et l’enfant s’endettent en l’utilisant, personne n’y gagne.
Cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas aider vos enfants, mais vous ne voulez pas mettre votre propre situation financière en péril.
« C’est bien d’aider sa famille financièrement, mais seulement si on peut se le permettre », conseille André.