Comment parler d'endettement sans avoir peur d'être jugé?

Dans cet article de blogue, nous avons le privilège d’interviewer Chantel Chapman, PDG de The Trauma of Money, un programme de certification psychoéducatif innovant, dédié à la création d’une approche compatissante de l’éducation financière. En tant qu’experte dans ce domaine, Chantel offre des perspectives uniques et des stratégies pratiques pour aborder les conversations sur les dettes, en particulier avec les amis et la famille. Au cours de notre conversation avec Chantel, nous avons exploré des conseils et des techniques utiles pour gérer les discussions financières délicates, garantir l’empathie et la compréhension, et favoriser des relations saines autour des questions d’argent. 

Nous avons posé à Chantel quatre questions importantes pour aborder les conversations difficiles autour de l’argent, avec des amis et des membres de la famille.

1. Si vous savez que vous avez un ami ou un membre de votre famille qui vous soutient, comment aborder le sujet de l’endettement?

Si vous connaissez un ami ou un membre de votre famille qui vous soutient, nous vous recommandons de lui demander son accord avant de parler et de lui dire d’abord ce que vous attendez de la conversation. Vous souhaitez être écouté et soutenu sur le plan émotionnel, vous recherchez des conseils ou un soutien financier. Par exemple, vous pouvez dire : « J’ai des difficultés financières, êtes-vous prêt à m’écouter, à discuter de certaines solutions dont je ne suis pas sûr, à évacuer mes frustrations? » En leur faisant savoir cela, vous poserez les bases d’un espace plus ouvert et plus réceptif pour vous, s’ils ont la capacité d’engager la conversation. Une fois que vous savez clairement ce que vous attendez de la conversation, cela devrait vous aider à aborder la question de la dette.

La chose la plus importante à retenir lorsque l’on parle de dettes est que la compassion et le pardon envers soi-même sont de meilleures motivations pour sortir de l’endettement que la honte et le blâme. Trouver de l’empathie pour soi-même en faisant un travail préliminaire et une introspection aide à ce type de conversation. Vous pouvez même en faire part à un ami ou à un membre de votre famille qui vous soutient, afin d’orienter la conversation dans une direction utile. « Je me sentais déprimée par mes dettes et mes finances, mais j’ai commencé à me concentrer sur les choses positives que je fais, comme commencer à établir un budget. » Le fait de se concentrer sur les solutions est très utile pour orienter la conversation. En outre, le fait d’être direct et de nommer ce que vous vivez peut créer un sentiment de soulagement, en particulier si vous avez été seul à porter ce fardeau.

2. Si vous n’êtes pas sûr qu’ils vous soutiendraient, comment le savoir?

Il est extrêmement important que vous vous sentiez soutenu dans ces conversations, en particulier avec l’ami ou le membre de la famille choisi. Compte tenu de la stigmatisation qui entoure malheureusement l’endettement au niveau sociétal, il est impératif de créer des réseaux de soutien, qu’il s’agisse d’amis, de membres de la famille ou de professionnels du recouvrement de créances, afin d’aller de l’avant avec le recouvrement de créances.

Vous devriez être en mesure de savoir qui vous soutient par le biais d’une conversation générale. Écoutez comment les personnes de votre entourage discutent des problèmes actuels liés à l’inabordabilité (logement, nourriture, essence, taux d’intérêt, etc.). En ayant des conversations constructives sur ces défis et en partageant la façon dont vous et vos amis les gérez, vous aurez une idée de leur capacité à écouter vos défis personnels. Des amis empathiques vous feront probablement part de la façon dont ils ont été affectés par l’accessibilité financière. 

Une autre façon de le savoir est de lui demander son point de vue sur l’endettement et la gestion de l’argent d’une manière plus générale, puis de lui demander s’il est capable de vous soutenir émotionnellement si vous avez une conversation sur l’argent. « Je suis en train d’explorer des solutions pour faire face à ma dette, cela vous dérange si j’en parle avec vous? » Vous saurez, en fonction de leurs réactions, si vous souhaitez que la conversation soit brève ou si vous vous sentez à l’aise pour vous ouvrir à eux de manière plus substantielle. 

3. Si vous avez un ami ou un membre de votre famille que vous soupçonnez de connaître des difficultés financières, mais qui a peur d’en parler, comment aborder le sujet avec lui?

L’une des stratégies consiste à entamer la conversation en se dévoilant soi-même et en parlant d’un problème que l’on a pu rencontrer avec l’argent ou les dettes. Cela pourrait ouvrir l’espace à un partage réciproque plus profond. Vous pouvez aussi simplement dire quelque chose comme : « Je sais qu’il peut être tabou de parler d’argent, mais je veux que vous sachiez que je suis disponible pour ce genre de conversation ». 

Il est également utile de se préparer à en parler en connaissant les ressources et les solutions disponibles. Si vous pensez que votre ami a des difficultés à gérer ses dettes, il est très rassurant de savoir à qui il peut s’adresser pour obtenir des conseils plus formels. 

4. Notre sondage a révélé que seulement 22 % des Canadiens de 55 ans et plus seraient à l’aise pour parler de dettes avec leurs enfants. Nous constatons que de plus en plus de personnes âgées sont aux prises avec des dettes et qu’elles attendent souvent trop longtemps avant de demander de l’aide.  

Comment les enfants adultes peuvent-ils aider leurs parents âgés à faire face à la réalité de leurs dettes?

 Il existe de nombreux signes avant-coureurs auxquels vous pouvez être attentif. L’un d’entre eux est l’excès de dépenses dans des domaines tels que la nourriture et les achats de bien-être. Lorsque nous sommes en situation de pénurie, le cerveau est plus enclin à céder aux tentations et à adopter une mentalité de « se faire plaisir » afin d’apaiser le stress et la honte liés à la détresse financière. Un autre signe d’alerte est l’évitement financier — factures non ouvertes à la maison, évitement des cours de téléphone, désorganisation. S’ils jouent ou font des investissements risqués en pensant pouvoir récupérer les fonds, cela peut être un autre signe d’alerte. 

Les parents éprouvent probablement de la honte en raison de la dynamique parent/enfant. Si vous êtes l’enfant, insistez sur le fait que vous voulez que votre parent soit ouvert et honnête avec vous. Vous pouvez faire preuve d’empathie à leur égard en parlant des défis financiers qui existent dans l’économie d’aujourd’hui.  

Lorsque vous abordez cette conversation, veillez à laisser beaucoup d’espace à la conversation pour qu’ils puissent partager et que vous puissiez écouter avec empathie. Ils ont probablement besoin de se décharger et le fait d’en parler permet d’atténuer la honte et d’ouvrir un espace de partage sûr. Dans l’ensemble, veillez à souligner que vous êtes là pour soutenir et aider, et non pour juger. 

Là encore, savoir où orienter la conversation peut apporter beaucoup de réconfort dans une situation inconfortable. Vous pouvez avoir des solutions potentielles si vous connaissez quelque chose qui peut vous aider. Montrez-leur des ressources et faites une partie des devoirs pour eux s’ils ont du mal à les faire seuls. 

Dans le domaine de l’allégement des dettes, il est bon de connaître les syndics autorisés en insolvabilité — la plupart des gens n’ont jamais entendu parler d’eux et ne connaissent pas les types de services qu’ils proposent. Vous pouvez les consulter gratuitement et explorer toutes les possibilités d’allégement de vos dettes, qu’il s’agisse de l’établissement d’un budget, de propositions de gestion de la dette, de propositions de consommateurs ou de la faillite. Il y a beaucoup de choses à savoir!